Resumé
Dans le cadre de ses activités, une délégation du CFRAR a effectué du 9 au 11 septembre 2019 à Sassandra, une mission terrain afin de mieux appréhender les conditions de vie précaire que vivent les habitants de cette localité côtière située dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire. A cet effet, des rencontres ont été initiées avec ces communautés.
Cette délégation a eu une séance de travail avec les responsables de la coopérative Aglalôh (Unissons-nous) qui comptent 132 membres composés d’autochtones et d’allogènes. Elle possède 15 hectares de cocotiers et de palmiers à l’huile obtenus dans le cadre d’un partenariat avec le CNRA (Centre National de Recherche Agronomique). La commercialisation des produits de cette exploitation lui vaut des gains partagés entre sociétaires. En outre, cette délégation a rencontré simultanément les habitants de 10 villages du Canton Kébé, c’est-à-dire de Bassa, Batéléblé, Godé, Govéadou, Grand-Dréwin, Latéko, Lébléko, Niéga, Niézéko, Pauly Plage et Vodiéko. Les participants à cette rencontre étaient composés des chefs de villages, des villageois, des membres de la coopérative Aglalôh et du représentant local du CNRA. Le sujet central abordé portait sur la survie du peuple Néyo menacé par l’érosion côtière.
Il est aujourd’hui impuissant face à cette situation sans habitat, et surtout il a été dépossédé, depuis l’époque coloniale, de son domaine foncier, par Angoulvant, et n’a jamais été restauré dans ses droits, de l’indépendance à ce jour. Cette époque des colons à Sassandra a été marquée par d’installation forcée d’une huilerie industrielle par un colon français, aux fins d’exploiter la vaste palmeraie naturelle de cette région du littoral. À l’indépendance, ce patrimoine aux dimensions considérables et sans délimitation officielle est cédé à l’IRHO (Institut de Recherches pour les Huiles et Oléagineux) créé en 1942, lequel, à son tour, le cédera au CNRA qui réclame aujourd’hui la paternité d’une superficie de plus de 1.800 hectares, notamment constituée de palmeraies et de cocoteraies. C’est ce l’une des parties de ce domaine estimé à plus de 2.500 hectares, qui fait l’objet de litiges, depuis plus d’une dizaine d’années, entre la structure de recherche étatique (où travaillent des compatriotes pour le bien-être de tous) et les communautés villageoises qui se retrouvent sans terre sur leurs propres terres : spoliées, d’une part, de leurs propriétés foncières et menacées, d’autre part, par la mer qui occupe le peu de terre qui leur sert d’espace vital et agricole ainsi que par l’État qui se réserve un certain périmètre au-delà de la ligne de crête.
Le CNRA, a tenu à saluer l’action d’Aglalôh grâce à laquelle les agents de sa structure travaillent paisiblement, depuis deux (02) années, cela, après de vives et constantes tensions marquées par des avis véhéments d’expulsion, des tentatives d’enlèvement et même des menaces de mort. Le CNRA a d’ailleurs, dans le cadre du règlement du différend qui l’oppose aux villageois, organisé, appuyé par la Préfecture, une rencontre avec des élus et cadres de la région et pris plusieurs initiatives plus ou moins bien accueillies par les autochtones des villages menacés.